Posturologie de l’enfant
Posturologie de l'enfant
Dès sa naissance, l’être humain entame un apprentissage de la station verticale, une acquisition et une optimisation de son répertoire moteur et de ses différentes tactiques, qui ne seront matures que vers l’âge de 13 à 15 ans.
L’enfance est la période d’acquisition et de maturation de notre système postural d’aplomb durant laquelle l’enfant est particulièrement sensible aux perturbations internes ou externes.
L’enfance et l’adolescence sont donc une période essentielle pour la surveillance et la mise en place d’un traitement postural.
Par ailleurs, on n’aborde pas le traitement postural de l’enfant comme on aborde celui de l’adulte. En effet, si l’enfant est plus malléable et tolérant aux traitements posturaux, ces traitements devront être mis en place selon des critères de hiérarchisation spécifiques à certains stades de l’évolution ontogénétique (Vallier, 2014).
Christine Assaiante a permis d’identifier des périodes critiques qui correspondent à des périodes de changement de stratégie posturale.
Ainsi pour le thérapeute, il n’y a pas qu’un seul choix hiérarchique à privilégier pour mettre en place un traitement postural chez l’enfant. Ce choix doit être dicté selon les stades ontogénétiques.
Le système postural d’aplomb s’organise à partir de deux types de support :
- La verticale gravitaire (capteurs céphaliques) : œil – vestibule – mandibule
- Le support sur lequel se tient le sujet : capteurs podaux – proprioception – peau
Au cours des différents stades de maturation du système postural, le système nerveux va tour à tour privilégier l’un des deux supports de contrôle postural.
La prise en charge du traitement postural de l’enfant doit donc tenir compte des stades ontogénétiques de maturation posturale. La hiérarchisation du traitement postural devra être mise en place en fonction du système préférentiel associé à chaque stade
Chez l’enfant, traiter l’asynchronisme d’un capteur postural à l’aveugle sans tenir compte des stades ontogénétiques, et donc, sans hiérarchisation préalable, expose non seulement au risque d’aboutir à un échec thérapeutique mais surtout au risque de faire décompenser le système postural d’aplomb.
la plagiocéphalie occipitale
LES CONSÉQUENCES PATHOLOGIQUES
L‘asymétrie crânio-faciale de la plagiocéphalie occipitale (PNSO) peut avoir pour conséquences pathologiques :
• Troubles de la vision (Siatkowski, 2005 ; Gupta et al., 2003, Rousié & al, 2011)
• Troubles de l’audition (Balan & al., 2002)
• Scolioses (Scoliosis, 2011)
• Déséquilibre de la posture (Barry, 2001 ; Moss, 1997 ; Hylton, 1997 ; Davis
et al., 1998)
• Troubles spécifiques des apprentissages et de la coordination (Robert & al., 1999 ; Millet & Clarren, 2000 ; Scheuerle, 2001 ; Childs Nerv Syst.2013 ; Child’s Nervous System July 2012)
• Retards de l’acquisition de certaines aptitudes psycho-motrices (Balan & al., 2002 ; Panchal & al., 2001)
• Troubles du langage (Habal et al., 2003).
• Trouble de l’articulé dentaire et de la mandibule (Delaire & Coll 1965 ; St John & al., 2002)
• Dysfonction de la déglutition (Cote & Kvivik, 2003)
En cas de plagiocéphalie occipitale qui persiste au-delà de 18 mois, il est recommandé de prévoir une consultation maxillo-faciale dans la petite enfance.
Ces travaux de recherche montrent que la plagiocéphalie
En effet, la plagiocéphalie occipitale est l’une des causes majeures d’asynchronisme des capteurs du référentiel céphalique.
Notre expérience clinique montre que la plagiocéphalie occipitale est une des causes des troubles des apprentissages et de la coordination en dehors de toute atteinte génétique ainsi qu’un terrain favorable à l’évolutivité des scolioses idiopathiques de l’adolescent (S.I.A.).
Torticolis congénital
Un torticolis congénital qui persiste au-delà de l’âge de quatre mois aura des conséquences (Hylton, 1997; Karmel- Ross &t al., 1997) :
• Sur le système proprioceptif
• Sur la formation du schéma corporel
• Sur le développement psychomoteur
• Sur la stabilité corporelle dans l’axe médian
• Sur l’horizontalité du regard
Par ailleurs, ces enfants présentent des difficultés pour exécuter des activités
en ligne médiane et des perturbations aux réactions de redressement et
d’équilibre.
En conséquence, nous pouvons poser l’hypothèse que le torticolis
congénital est l’une des causes de prédisposition à l’asynchronisme des
capteurs céphaliques.
LA SCOLIOSE IDIOPATHIQUE DE L’ADOLESCENT EN POSTUROLOGIE
La posturologie ne traite pas la cause des scolioses : elle vise à traiter les
causes d’évolutivité.
L’asynchronisme des capteurs posturaux correspond à un dysfonctionnement
périphérique accompagné d’un biais de modulation centrale. L’expérience
clinique montre que l’asynchronisme des référentiels posturaux favorise
fortement le risque d’évolutivité de la S.I.A.
7 1 FACTEURS FAVORISANTS L’ÉVOLUTIVITÉ DE LA SIA : L’ASYNCHRONISME
DES CAPTEURS NEUROSENSORIELS POSTURAUX
Il est aujourd’hui bien établi que des informations sensorielles multiples
participent chez l’homme à l’organisation et au contrôle de la station debout,
parmi lesquelles les informations vestibulaires, visuelles, mandibulaires
ainsi que les afférences proprioceptives et extéroceptives plantaires. Ces
informations, participant au contrôle de la posture et de l’équilibre, ont chacune
un poids relatif qui varie d’un individu à l’autre (El-Kahky & al., 2000).
Des travaux associent la scoliose idiopathique à :
• un dysfonctionnement du tronc cérébral ou de l’intégration corticale ou
sous-corticale des informations sensorielles (Jensen & Wilson, 1979,
Petersen & al., 1979, Sahlstrand & al. 1979, Simoneau & al., 2006a,
Wiener-Vacher and Mazda, 1998, Yamamoto & al.,1982).
• des désordres à chaque niveau du contrôle postural et à une position
anormale du centre de pression des pieds (Sahlstrand, 1980 ; Spaepen &
al., 1978)
• une altération du contrôle de l’équilibre (Adler & al., 1986 ; Byl & al., 1997,
Driscoll & al., 1984 ; Gregoric & al., 1981), surtout dans les situations de
conflit sensoriel (Byl & Gray, 1993 ; Byl & al., 1997 ; Sahlstrand & al., 1978).
L’expérience clinique en posturologie et des travaux de recherche montrent
que la SIA est fréquemment corrélée à :
• des asynchronismes des capteurs céphaliques, notamment en cas de
séquelles de plagiocéphalies
• des troubles de l’intégration des signaux proprioceptifs
Troubles des apprentissages : Dyslexie, dyspraxie, ...
GRANDS PRINCIPES DE TRAITEMENT POSTURAL DES TROUBLES
DES APPRENTISSAGES
Le traitement postural s’appuie sur un trépied indissociable dans le but de
réguler les informations proprioceptives selon les règles de hiérarchisation
dictées par les stades ontogénétiques précédemment décrits.
• Régulation des capteurs céphaliques : capteurs oculaires et stomatognatiques
• Régulation des capteurs de support : capteurs podaux, capteurs articulaires
(cheville, bassin, rachis)
• Éducation et rééducation posturale et proprioceptive
Le traitement postural sera systématiquement associé à une rééducation
orthophonique et pourra être complété par des aides pédagogiques.
Le traitement proprioceptif doit être un préalable aux autres rééducations,
notamment orthophoniques. Il s’agit de mettre l’enfant dans des conditions
sensorielles qui lui permettront ensuite de profiter pleinement des rééducations
et d’une pédagogie adaptée (Quercia ,2018).
Le traitement postural consiste à « reprogrammer » les informations proprioceptives
par action sur :
• Les capteurs proprioceptifs des muscles oculaires par des prismes
posturaux de faible puissance
• Les capteurs stomatognatiques par un traitement mandibulaire (ALPH,
gouttières, orthodontie) ainsi qu’une rééducation maxillo faciale, de la
ventilation et de la déglutition
• Les capteurs podaux par des semelles proprioceptives ou mécaniques
• Les capteurs proprioceptifs articulaires par un traitement ostéopathique
biomécanique et par une rééducation posturale et proprioceptive
Le traitement sera évalué :
• Lors du bilan postural de contrôle :
- Equilibration de l’équilibre tonique postural à l’examen à la verticale de
Barré au laser sur positionneur orthonormé
- Neutralisation des Réflexes pathogènes d’asymétrie tonique
- Normalisation du test de Maddox Postural
• Lors du bilan orthophonique et des tests de psychomotricité
Principales pathologies l’enfant nécessitant un traitement postural pluridisciplinaire
- Plagiocéphalie
- Torticolis congénital
- Troubles de l’apprentissage et de la coordination
- Dyslexies, dyspraxies
- Troubles de la ventilation
- Troubles de la marche
- Scolioses et attitudes scoliotiques
- Maladresse, vertiges, troubles de l’attention, chutes répétées …
Pour approfondir vos connaissances sur la posturologie de l'enfant
Consulter le TRAITÉ DE POSTUROLOGIE DE L’ENFANT ET DE L’ADOLESCENT du Docteur Gérard Vallier